La Commission européenne a adopté au mois d’août 2025 plusieurs règlements instituant des droits antidumping sur des produits importés de Chine et d’Inde
Au cours du mois d’août 2025, la Commission européenne a adopté une série de cinq règlements instituant des droits antidumping provisoires sur diverses importations, principalement en provenance de la République populaire de Chine. Cette vague de mesures, intervenant sur un laps de temps rapproché, signale une réponse à des pratiques de dumping ayant causé un préjudice matériel à plusieurs industries de l’Union. Les enquêtes, généralement ouvertes en décembre 2024 suite à des plaintes sectorielles, s’appuient systématiquement sur la méthodologie des « distorsions significatives » pour contourner les prix du marché chinois, reconstruisant la « valeur normale » des produits sur la base de coûts de pays tiers. Ce résumé présente une analyse consolidée de ces cinq actes législatifs.
Le Règlement (UE) 2025/1711 du 4 août concerne les bouteilles en acier sans soudure haute pression en provenance de Chine. L’enquête a établi un préjudice clair pour l’industrie européenne, matérialisé par une baisse des volumes de vente, des parts de marché et une pression sur les prix, et ce, malgré une consommation en hausse dans l’Union. Un lien de causalité direct a été reconnu entre l’augmentation massive des importations chinoises à bas prix et ce préjudice. En conséquence, la Commission a institué des droits antidumping provisoires, dont les taux varient selon les exportateurs, afin de rétablir des conditions de concurrence loyale.
Le Règlement (UE) 2025/1723 du 6 août impose un droit antidumping provisoire sur les préparations ou conserves de maïs doux en grains originaires de Chine. L’enquête a confirmé des pratiques de dumping et des distorsions significatives au sein de l’économie chinoise ayant faussé les prix des intrants. Pour contrebalancer ces pratiques, des droits personnalisés ont été établis, s’élevant par exemple à 37,5 % pour le Groupe Sunflower et à 54,3 % pour le Groupe Tongfa. La Commission a estimé que cette protection de l’industrie communautaire était dans l’intérêt général de l’Union, tout en ayant pris en compte les effets sur les importateurs et les consommateurs.
Le Règlement (UE) 2025/1724 du 8 août se distingue en ciblant le carbonate de baryum originaire de Chine et de l’Inde. Ce texte détaille la méthode de détermination de la valeur normale, qui doit être calculée au niveau « départ usine » en tenant compte de coûts de production non faussés. Il précise que les frais généraux et la marge bénéficiaire sont calculés sur la base d’états financiers de producteurs représentatifs et que seules les ventes bénéficiaires sur le marché intérieur doivent être prises en compte. Ce cadre méthodologique rigoureux vise à assurer une comparaison équitable avec les prix à l’exportation pour les deux pays concernés.
Le Règlement (UE) 2025/1737 du 13 août vise les importations de valine, un acide aminé, en provenance de Chine. L’enquête a révélé une tendance à la baisse marquée des prix d’importation, qui sont passés de 4 156 EUR/tonne en 2021 à 3 002 EUR/tonne en 2023, soit une chute de 28 %. Cette baisse a eu un impact dévastateur sur la rentabilité de l’industrie de l’Union, qui a subi des pertes considérables. La Commission a constaté une sous-cotation des prix pour 99 % des volumes importés, avec des marges de dumping allant de 9,5 % à 22,2 %, justifiant l’application de droits provisoires.
Enfin, le Règlement (UE) 2025/1732, également du 13 août, s’applique aux bougies, chandelles et articles similaires originaires de Chine. Ce dossier est particulièrement éloquent : entre 2021 et la période d’enquête, les importations chinoises ont augmenté de 40 % et leur part de marché est passée à 22 %, tandis que la production de l’Union chutait de 29 % et sa rentabilité tombait à 3-4 %. La Commission a confirmé une distorsion spécifique sur le prix de la paraffine en Chine. Les droits provisoires sont parmi les plus élevés de cette série, avec des marges allant jusqu’à 70,9 % pour les importations qui ne coopèrent pas.
En conclusion, cet ensemble de règlements illustre une volonté coordonnée de la Commission européenne de défendre son industrie contre des importations à prix anormalement bas. La cohérence de l’approche méthodologique, fondée sur l’identification de distorsions significatives, et la similitude des schémas de préjudice observés confèrent à cet ensemble législatif une forte unité. Ces mesures provisoires représentent une action défensive d’urgence, les enquêtes se poursuivant pour déterminer si des droits définitifs, et à quels niveaux, seront imposés pour assurer une concurrence durablement loyale sur le marché unique.

